24 février 2019

 

Conférence, Florence REGNERY

​

« Le rêve et la création, dialogues de l'inconscient »

 

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"Que dire, comment définir ce qu'est l'inconscient ?

 

 

Dans la définition courante, l'inconscient c'est tout ce qui n'est pas conscient, tout ce qui n'est pas fait consciemment, sans réflexion préalable.

Tout ce que l'on fait, ou tout ce que l'on dit, de façon inconsciente, parfois de façon réflexe, sans réfléchir, par habitude, sans poser sa conscience.

Exemples :

Je rentre chez moi toujours par le même chemin, je n'ai plus besoin de réfléchir pour trouver ma route alors je le fais de façon réflexe.

Je pose mes clés en entrant chez moi toujours au même endroit, sans réfléchir, mais là le téléphone sonne et je les pose au premier endroit qui me vient, sans réfléchir et du coup je suis en train de les chercher. Seul mon inconscient sait alors où je l'es ai posées.

 

 

C'est inconsciemment aussi que l'on commet ce que l'on appelle l'acte manqué. C'est Sigmund Freud (1856-1939) fondateur de la psychanalyse, qui le théorise pour la première fois.

On avait bel et bien prévu de faire telle chose et puis on a totalement oublié, ou bien on s'est trompé d'heure, on s'est trompé d'adresse.

Comme si une part rationnelle de nous nous conduisait à vouloir faire une certaine chose, et une part enfouie de nous-même, plus intuitive et totalement irrationnelle nous faisait faire l'inverse.

Pourquoi une part de nous nous ferait faire l'inverse de ce qu'une autre part de nous voudrait nous voir réaliser ?

Peut-être parce que nous n'y sommes pas prêt encore. Peut-être parce que nous voulons aller plus vite que nous ne pouvons réellement l'assumer.

 

 

D'une autre manière parfois c'est l'inverse, nous pensons ne pas être prêt à dire ou à faire une certaine chose. Nous ne nous y préparons pas et puis tout à coup nous nous surprenons à dire ou à faire ce que nous nous pensions incapable, en y réfléchissant, de dire ou de faire. Et là, sans réfléchir, sans préparation préalable et donc sans appréhension, inconsciemment nous le faisons.

 

 

Le lapsus, qui nous fait fourcher la langue nous fait couramment dire autre chose que ce que nous voulions consciemment exprimer. Freud le classifie dans un même ordre d'idée au titre des actions inconscientes qui nous dévoilent en quelques sortes.

 

La psycho somatisation, ou symptômes psycho corporels, sont également des maux transférés inconsciemment de l'esprit vers le corps afin de se faire entendre. Des expressions courantes en découlent directement.

Exemples :

Avoir mal au dos lorsque l'on en peut plus de porter sur soi plus lourd que l'on ne peut, ce qui donne : j'en ai plein le dos.

Avoir une boule à l'estomac lorsqu'une émotion vive vient nous accablée : je n'ai pas digéré ce qu'il m'a dit...

 

 

On dit aussi de ceux qui prennent de grands risques inconsidérés, qu'ils sont inconscients, inconscients du danger, non inhibés encore par un formatage ou une habitude à ne pas prendre de risque.

On est généralement plus inconscient lorsque l'on est jeune car la notion de danger n'a pas encore été éprouvée par l'âge et l'expérience, il n'y a donc pas encore de prise de conscience du risque encouru. Avec l'âge une plus grande appréhension du danger peut se faire sentir par souvenir de son propre vécu et/ou du vécu de personnes de son entourage.

 

 

Certaines personnes sont plus intuitives que d'autres et pourront ressentir, sans signe avant coureur, une personne qui ne va pas bien, un trajet à éviter, un aliment qui nous conviendrait plus qu'un autre en un moment précis.

Inconsciemment quelque chose semble se révéler à elles de l'ordre de l'invisible. C'est qu'elles ont alors une écoute plus grande que la moyenne de leur intériorité qui sait inconsciemment ce que nous ne savons pas consciemment.

Ces qualités intuitives peuvent se développer par une attention que l'on peut s'habituer à se porter, par une écoute de soi et de ce que l'on nomme aussi son 6ème sens.

 

 

La définition de l'inconscient qui m'intéresse aujourd'hui c'est celle qui nous parle de ce que nous savons sans le savoir.

 

 

L'inconscient, l'irrationnel et l'intuitif, gouvernés en majeur partie par notre cerveau droit, même si l'on sait à présent, grâce aux avancées des neuro sciences, que cerveau gauche et cerveau droit sont indissociables pour un bon fonctionnement global. La prédominance du cerveau droit dans notre mode de pensée intuitif et synthétique reste indéniable.

 

 

Carl Gustav Jung (1875-1961) fondateur de la psychologie analytique, parle de

- l'inconscient collectif : mémoire du tout universel au sein de l'inconscient individuel

- l'inconscient individuel : mémoire de notre vécu, de notre histoire personnelle et de nos associations symboliques personnelles

- l'inconscient transgénérationnel : mémoire inconsciente au plus loin de notre mémoire cellulaire

- l'inconscient culturel : ce que nous véhiculons encore aujourd'hui et à travers les siècles de façon innée de notre culture judéo chrétienne dans notre société occidentale

 

 

L'inconscient a la faculté de tenir en secret de notre conscience, un souvenir en y jetant un voile pour l'occulter, une partie de notre vécu, voire du vécu familial de part notre mémoire cellulaire, véhiculant une émotion forte, une émotion violente, un choc traumatique et ce au fin de nous protéger de l'insupportable.

C'est au moment où la psyché est apte, du fait d'une vie saine, sereine, équilibrée, sécurisée, accompagnée au cours d'une thérapie, que notre moi profond, en contact à l'inconscient, considère propice le moment de lever les voiles et de mettre en lumière cette part de nous laissée dans l'ombre et que l'inconscient peut porter à la conscience, par le rêve ou la création, à travers le langage des symboles l'événement qui nous permettra d'avancer et de sortir de certains blocage, phobies, appréhensions, surpoids et autres problèmes psycho somatiques.

Le fait de révéler au conscient sans nécessité de remonter jusqu'au traumatisme par une verbalisation et un revécu du choc émotionnel, sans décryptage précis mais uniquement par la libération d'un blocage par son expression sous forme non verbale, nous permet d'y impulser une nouvelle énergie vitale.

 

 

 

Le sujet de ma conférence aujourd'hui porte plus exactement sur une capacité à laquelle tout le monde a accès. Il s'agit de l'accès à son inconscient par le rêve et la création. L'accès pouvant se faire dans les deux sens, car un dialogue avec son inconscient se fait naturellement dans le sens de l'inconscient à la conscience à travers le rêve et la création.

 

 

L'inconscient, utilisera pour s'exprimer des images, des formes, des couleurs que l'on appellera globalement des symboles.

Les symboles sont utilisés dans toutes les civilisations comme un mode d'expression depuis homo sapiens il y a 200 000 ans.

Le symbole, par définition, a pour fonction propre et consciente de symboliser un objet, une idée, une émotion, un concept par une image. On parle de pictogrammes pour les images représentatives et d'idéogrammes pour les images abstraites. Les mêmes symboles sont recensés par les archéologues sur les 5 continents, trace de 30 000 ans d'histoire qui ferait l'origine des symboles que l'on retrouvera par la suite dans toutes les religions. Dans toutes les religions mais aussi dans les mythes à travers le monde. On pourra alors parler de transmission inconsciente par les hommes à travers le monde du fait d'une origine commune de l'espèce humaine.

Après le symbole du néolithique, viendra l'écriture il y a environ 7 000 ans en Mésopotamie et en Égypte ancienne. Une écriture se fera peu à peu sous forme d'alphabet pour les choses courantes, voire pour le peuple, et restera sous forme d'idéogrammes, de hiéroglyphes pour les textes sacrés.

 

 

L'inconscient utilise pour son expression onirique, le symbole, sous forme d'imagerie cérébrale afin de porter à la conscience ce qu'elle est apte à recevoir de connaissances enfouies de soi.

Un décryptage des rêves permet de comprendre ce qui se joue en nous et facilite la progression du mouvement psychique.

Dans tous les cas, même non décrypté le rêve délivre son message et impulse son énergie vitale. Le fait d'entrer en thérapie cadre, libère et amplifie le mouvement, le thérapeute se positionnant en tant que tiers sécurisant et facilitateur.

 

 

Mais déjà, qu'est ce qu'un rêve ?

 

 

Le rêve est un mécanisme d'imagerie cérébrale inconsciente, sur laquelle nous ne pouvons influer et qui se créait pendant la phase de sommeil paradoxal la plupart du temps mais aussi parfois pendant le sommeil plus léger du seuil de l'endormissement.

Durant notre sommeil, nous nous retrouvons en phase d'État Modifié de Conscience. Notre corps se met en état d'immobilisme par le fait de la désactivation de certaines zones cérébrales qui nous permettent le mouvement en état d'éveil.

La désactivation de ces zones nous permet de vivre parfois très activement des rêves dans lesquels nous nous trouvons inconsciemment entraînés. Nous pouvons avoir alors parfois quelques mouvements durant le sommeil et plus rarement atteindre des état de somnambulisme lorsque nous sommes atteint d'une déficience de notre capacité de désactivation de cette zone cérébrale. Cette déficience peut-être momentanée ou durable selon les individus.

 

 

Lorsque les fonctions cérébrales sont en état modifié et qu’apparaît l'image, se passe alors ce que l'on pourrait comparer à un grand nettoyage neuronal nécessaire à l'équilibre psychique. Pendant le sommeil, l'apparition de l'image quelle qu'elle soit, met en place une modification des circuits neuronaux appropriée au scénario qui se joue et permettant l'établissement d'une connexion psychique.

C'est pour cette raison que l'on arrive à constater que les images qui se manifestent durant la phase de sommeil paradoxal témoignent de l'élan vital actif à une période donnée.

 

 

L'imagerie activée dans un cadre thérapeutique lors d'un rêve éveillé non dirigé est d'autant plus active qu'elle se déroule dans un cadre contenant et sécurisant. Elle pourra faire émerger alors et mettre en lumière des zones d'ombre non encore explorées et permettre des passages essentiels dans l'évolution et le développement psychique grâce en grande partie à la présence du thérapeute.

Le rêve éveillé est une technique d'actionnement de son imagerie cérébral en état modifié de conscience dans le cadre bienveillant du thérapeute sans aucune autre induction que pour la mise en état de relaxation.

 

 

L'avancée des neurosciences dans le domaine du rêve et du fonctionnement de la psyché fait avancer également d'autres perceptions plus amateurs telles que la maîtrise du rêve lucide et par là une progression dans ses rêves comme on progresserait un peu dans des jeux vidéos. C'est en tout cas l'image que que cela éveille en moi. Très certainement qu'avec de l’entraînement certaines personnes peuvent avoir la main sur l'évolution de leurs visualisations en état de rêve lucide qu'ils appellent par ailleurs également des rêves éveillés. (film « Inception ») Les personnes en état de rêve lucide utilisent des tests de réalité afin de confirmer qu'ils sont bien en état de rêve ou d'éveil.

L'approche de cette pratique se fait par des techniques d'auto inductions et de façon individuelle sans aucun accompagnement.

Ma fonction de thérapeute m'amène à mettre en garde contre ce type de pratiques qui sont très loin d'être maîtrisées. Peut-être que certains effets positifs sur le sommeil ou sur l'état de bien-être pourraient s'avérer et encore, ceci dit sous toute réserve et sans aucune réelle conviction.

 

Et par la création, de quoi parle t-on ?

 

 

La création libère et permet à l'inconscient un mode d'expression qui lui est vital en lui fournissant un matériaux de transformation. « En créant je me crée. »

 

 

Quel que soit le média choisi, peinture, terre, création combinatoire 3D, danse, théâtre, …, c'est le fait d'entrer en création libre qui agit. Il s'agit de sortir de toute création imposée, de toute forme connue et de toute rationalité pour que le processus de transformation se manifeste.

La parole donnée par association d'idée donne le champs libre à l'expression de son inconscient. Le mouvement livré à lui-même et non chorégraphié met en scène tout d'abord ce mouvement qui nous fait mal et qui nous inhibe pour enfin laisser accès au mouvement qui parle de nous à travers chaque partie de notre corps, et nous révèle à être au monde avec soi comme avec les autres.

 

 

Notre inconscient délivre, à travers une expression symbolique accessible à la conscience, par des messages illisibles à nos yeux mais connus de notre être sensible ce qu'il faut pour nous libérer.

Cette expression se produit lorsque nous nous trouvons dans un cadre suffisamment contenant et sécurisant, dans un état psychique suffisamment équilibré pour y parvenir.

Le mécanisme de l'inconscient est de nous protéger de ce qui nous mettrait en péril en y jetant le voile, et de lever ce voile seulement lorsque nous y sommes prêts.

 

 

Le fait de se mettre en contact avec son inconscient par un état modifié de conscience pour mettre en lumière des maux, des zones d'ombres qui nous encombrent, nous empêchent d'avancer, par le rêve éveillé par exemple ou par l'entrée dans un processus de création nous permet d'impulser une énergie nouvelle, de réactiver notre élan vital et de transformer les énergies bloquées qui nous paralysent.

 

 

Cependant, l'inconscient ne se laisse pas forcer si l'on cherche à aller au-delà de nos capacités psychiques à supporter une vérité encore trop violente et ne pouvant être entendue au regard de nos fragilités. Il appartient au thérapeute d'accompagner chacun à son rythme psychique et de ne pas le mettre, voire de le laisser se mettre, en danger."